Le judo (柔道)
Domaine | grappling | |||
---|---|---|---|---|
Pays d’origine | Japon | |||
Fondateur | Kano Jigoro | |||
Dérive de | Jujitsu | |||
A donné | JJB, Kosen Judo, Sambo | |||
Sport olympique | Tokyo 1964 | |||
Pratiquants | 600 000 en France et 15 millions dans le monde | |||
Fédération mondiale | Fédération internationale de judo |
Calligraphie japonaise du mot « judo »
Le terme judo est composé de 2 kanjis signifiant :
Souplesse, adaptation (柔, jū?)
L’art, la voie, le principe (道, dō?)
Judo peut donc se traduire par la voie de souplesse ou principe de l’adaptation.
Le judo (柔道, jūdō?, littéralement voie de la souplesse ou principe de l’adaptation) est un art martial, un sport de combat et un principe de vie d’origine japonaise (budō), fondé par Jigoro Kano en1882. Il se compose pour l’essentiel de techniques de projection, de contrôles au sol, d’étranglements et de clefs.
Le lieu où l’on pratique le judo s’appelle le dojo (道場, dōjō?, littéralement lieu d’étude de la voie). Les pratiquants (les judokas—judokate au féminin) portent une tenue en coton renforcée appelée judogi, souvent appelée à tort kimono, qui est le nom générique de la tenue traditionnelle japonaise. Le judogi est généralement blanc, mais pour faciliter la distinction entre les combattants dans les compétitions, un judoka peut avoir un judogi bleu à tous les niveaux de compétitions (si le judoka n’a pas de judogi bleu, la distinction se fera à l’aide de ceinture rouge ou blanche). Pour les compétitions à partir du niveau national, l’un des deux judokas doit revêtir un judogi bleu. Le judo se pratique pieds nus et torse nu (sauf pour les filles) sous le judogi. Les judokas exercent, à l’entraînement et en compétition, sur un tatami, un tapis raide qui amortit les chocs et délimite une zone de combat en carré à l’aide de tapis de couleurs différentes. Le judo est un sport olympique et nécessite de l’implication tant au niveau du combat qu’au niveau des rencontres techniques et de l’aide aux événements pour atteindre un grade élevé.
Histoire
Le souhait de Jigoro Kano, son fondateur, était de populariser une méthode visant à mieux utiliser ses ressources physiques et mentales en prenant comme point de départ l’enseignement des koryu (anciennes écoles traditionnelles), Tenshin Shinyo Ryu et Kito Ryu, qu’il avait pratiqué durant 6 années. La légende dit que pour établir les principes du judo, il s’inspira du spectacle d’arbres couverts de neige, lors d’un hiver rigoureux, en remarquant que les branches du cerisier réagissaient différemment des roseaux.
Sous le poids de la neige abondante, les branches de cerisiers, dures, cassaient alors que les roseaux, plus souples pliaient et se débarrassaient de « l’agresseur » avec souplesse. La voie de la souplesse était née.
La « légende », dans sa simplicité, n’est pas éloignée du souhait initial de populariser une méthode visant à mieux utiliser ses ressources physiques et mentales. Jigoro Kano avait conscience que le jujutsu tel qu’il était pratiqué n’était plus adapté à l’époque moderne. Les techniques étaient parfois très dangereuses à apprendre et la plupart des maîtres n’étaient pas très pédagogues ou enseignaient un jujutsu décadent et inefficace. En s’inspirant des méthodes de différentes gymnastiques occidentales, Jigoro Kano décida d’expurger du jujutsu les mouvements dangereux et de codifier les techniques restantes afin de faciliter l’enseignement sous formes de kata. Il était évident que l’art de la souplesse, débarrassé de sa vocation guerrière, n’était plus du jujutsu, mais un nouvel art martial à vocation éducative. Le judo était né.
Le judo connut un succès qui s’étendit largement au-delà des frontières japonaises et contribua largement à populariser les arts martiaux japonais, tout en entraînant la confusion entre art martial et sport de combat. Ainsi, le judo des origines s’orienta de plus en plus vers l’aspect sportif lorsque les champions du Kodokan eurent définitivement battu la plupart des écoles de ju-jitsu au cours de combats organisés. Le pouvoir économique du Kodokan était ainsi définitivement installé dans le monde des arts martiaux japonais.
Le judo commence à être enseigné au Japon en 1882 au Kodokan, en France par maître Mikinosuke Kawaishi et maître Shozo Awazu. Moshe Feldenkrais crée le Jujitsu-Club de France, puis la Fédération française de judo est fondée en 1946. C’est aussi à cette époque que se développera le côté sportif et qu’apparaitront les premières compétitions. Le nombre de pratiquants de par le monde s’accroît alors considérablement.
Le judo est la discipline la plus pratiquée en France, devant le karaté et l’aïkido. Il est le quatrième sport le plus pratiqué en France en 2012 avec plus de 600 000 licenciés et 5 547 clubs1. Le judo masculin a été introduit officiellement dans le programme olympique pour les jeux de Tôkyô en 1964. Le judo féminin a fait son entrée dans le programme olympique aux Jeux de Séoul en 1988 comme sport de démonstration avant d’être définitivement accepté à partir des Jeux de Barcelone en 1992. En 2006, la Fédération internationale de judo compte 189 pays membres.
Dans le monde le judo est le troisième art martial le plus pratiqué derrière le karaté et le taekwondo avec 8 millions de pratiquants2.
Code moral du judo
Créé en 1985 par Bernard Midan3, sur la base du code d’honneur et de morale du collège national des ceintures noires proposé par Jean-Lucien Jazarin4 sur la base du texte de Nitobe5.
- La politesse, c’est le respect d’autrui
- Le courage, c’est faire ce qui est juste
- La sincérité, c’est s’exprimer sans déguiser sa pensée
- L’honneur, c’est être fidèle à la parole donnée
- La modestie, c’est parler de soi-même sans orgueil
- Le respect, sans respect aucune confiance ne peut naître
- Le contrôle de soi, c’est savoir taire lorsque monte sa colère
- L’amitié, c’est le plus pur et le plus fort des sentiments humains.
Lorsqu’il a créé le judo, Jigorô Kanô voulait extraire du Jujitsu un moyen d’éducation du corps et de l’esprit « adapté à l’éducation de toute une nation ». Depuis sa création, l’enseignement du judo est accompagné de l’inculcation au judoka de fortes valeurs morales. Certaines valeurs du judo sont donc directement extraites du bushidô. La plus connue d’entre elles est peut être le fait qu’on apprend aux jeunes judokas que c’est « mal » de fuir un combat (en effet, dans un entrainement de judo, lorsqu’un autre judoka vient vous demander d’être son partenaire pour un randori, vous n’avez pas le droit de refuser, même lorsque vous savez qu’il est beaucoup plus fort que vous).
Le respect et la confiance que l’on accorde à son adversaire lors d’un combat de judo sont primordiaux. En effet, lorsqu’un judoka fait chuter son adversaire, il doit garder le contrôle de sa prise, et la plupart des prises nécessitent de retenir son adversaire pour qu’il chute « correctement ». À défaut, l’adversaire pourrait être gravement blessé. Les clés de bras pourraient facilement disloquer ou déboîter les articulations de son adversaire. Les étranglements, s’ils étaient mal exécutés ou mal maîtrisés pourraient eux aussi être très dangereux. Mais le respect et la confiance du judoka envers un autre judoka lors d’un combat sont absolus. Grâce à cela, et malgré la grande dangerosité des prises effectuées, le judo est l’un des sports où surviennent le moins de blessures et d’accidents; de nombreux pratiquants n’ont jamais connu la moindre blessure, que ce soit à l’entrainement ou en compétition, et ce même après plus de dix ans de pratique régulière. Au judo, les valeurs morales sont plus importantes que la technique elle-même.
Les nombreux saluts sont la marque la plus visible du respect qui régit le judo.
Formes d’entraînement
Les plus jeunes judokas pratiquent leur sport de manière ludique grâce aux entraînements sous forme de jeux proposés par l’entraîneur qui les aide à prendre confiance en eux et à découvrir leur corps qui va évoluer. Une des étapes indispensables est l’apprentissage de la chute, les ukemi. Ils vont devenir plus sûrs d’eux, plus souples et plus forts afin de se préparer pour les prochaines compétitions et pour le prochain passage de grade.
Le passage se déroule en général à la fin de la saison avec son professeur (pour tous les grades jusqu’à la ceinture marron incluse), qui demande à l’élève d’effectuer certaines techniques qu’il a apprises au cours de la saison. Ces techniques sont à effectuer avec un partenaire : Tori, celui qui saisit, et Uke celui qui « reçoit » l’action de son partenaire.
Lors des randoris, combats d’entraînement, il y aura les « souples » qui consistent à se laisser tomber si son partenaire a bien fait sa technique, puis le randori « normal », c’est-à-dire, que le but est de ne pas tomber sur le dos (comme en compétition) mais sans se faire mal ou mal à son partenaire et sans commettre de faute. L’entraînement est fait pour apprendre et il faut tomber pour apprendre !
Exercices traditionnels
- Tandoku-Renshu : se pratique seul, les mouvements techniques sont répétés dans le vide, c’est un travail de modélisation mentale du placement spatial du corps et de celui du partenaire imaginaire.
- Uchi-komi : signifie « rentrer en contact ». Se pratique à deux pour travailler en répétition l’entrée d’une projection (déséquilibre, placement du corps, lancement de la technique) sans faire chuter le partenaire.
- Nage-komi : se pratique à deux, c’est la suite logique de l’uchi-komi puisqu’il s’agit de répéter plusieurs fois une technique entière, avec chute lorsque l’on travaille le nage-waza. Il est possible de travailler ennage-komi en ne-waza (au sol).
- Yaku-soku-geiko : dans le même esprit que le nage-komi, cet exercice s’effectue en déplacement permanent, lors duquel Tori profite d’opportunités pour lancer des attaques. Uke chute à chaque fois, n’esquive ni ne bloque les attaques.(c’est une sorte de randori d’étude).
- Kakari-geiko : est une sorte de randori dans lequel on impose un thème. On peut donner comme exemple : Tori a un rôle offensif, il attaque constamment Uke qui doit se défendre sans toutefois bloquer complètement Tori afin de lui permettre de travailler. On peut appeler cela une opposition standardisée.
- Randori : se traduit par « saisies libre ». Le randori est une forme de combat souple, dans lequel les deux judokas sont partenaires plus qu’adversaires puisqu’ils doivent permettre à l’autre de travailler. Il faut donc ne pas bloquer l’autre, tout en opposant une résistance modérée pour simuler les conditions d’un combat. C’est un exercice difficile à réaliser dans cette optique.
- Shiai : « Combat martial de la compétition pure où aucune erreur n’est permise sous peine de perdre le combat ». En pratique, c’est le nom des compétitions organisées pour valider l’UV d’efficacité au combat. Cette UV est nécessaire pour l’obtention des différents dan de ceinture noire. Il s’agit d’accumuler un certain nombre de points en gagnant ses combats par Ippon ou Waza Ari. Pour les 1er et 2e Dan, il est nécessaire de marquer 100 points, puis 120 points pour les 3e et 4ème. L’accumulation de 44 points consécutifs (soit au minimum 3 victoires par Ippon et 2 victoires par Waza Ari d’affilée) vaut validation de l’UV.
Sport-étude
Le sport-études destiné aux jeunes judokas français (à partir de 12 ans) se divise en quatre catégories :
- l’Institut national des sports et de l’éducation physique (INSEP);
- les pôles France : INEF (Institut national des espoirs français), 4 pôles mixtes Bordeaux, Marseille, Orléans, Strasbourg.
- les pôles Espoir : 25 en France métropolitaine et 1 outre-mer (à peu près un pour chaque régions)
- les classes étude ou classes départementales de judo (environ 35 en France). Elles sont aussi appelées section sportive départementale (SSD), section sportive régionale (SSR)
Notes et références
- ↑ Ministère français des Sports – données 2007 [archive]
- ↑ Judo, an Olympic Sport [archive], sur le site de la Fédération internationale de judo
- ↑ FFJDA (2008). Shin, Éthique et traditions dans l’enseignement du Judo. Noisy-sur-École: Budo Éditions.
- ↑ Jazarin, J-L. (1974). Le Judo, École de Vie. Paris: Le Pavillon.
- ↑ Nitobe, I. (2000). Bushidô, l’Âme du Japon. Noisy-sur-École: Bùdô Éditions.
- ↑ http://acsamjudo.free.fr/judo.php [archive]
- ↑ http://judogrisolles.free.fr/IMG/pdf/Clicker_ici_-_Repechage-2.pdf [archive]
- ↑ Judo (Sport olympique depuis 1964) [archive], site des Jeux olympiques d’été de 2008, fr.beijing2008.cn
Articles connexes
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- Salut en budo
- Tai sabaki désigne l’art de se déplacer
À lire
- Michel Brousse, Le judo, son histoire, ses succès, Paris, Minerva, 2002
- Le judo Kano ou l’origine du judo par Katsuma Higashi et Irving Hangcock, Traduction Serge Mairet (Budo Éditions)
- Les racines du judo français. Histoire d’une culture sportive, Michel Brousse, préface de Jean-Luc Rougé, Presses universitaires de Bordeaux, no 401, ISBN 2-86781-368-9 (2005)
- Le judo, son histoire, ses succès, Michel Brousse, préface de Jacques Rogge, éd. Minerva, no 401, ISBN 2-8307-0659-5 (2002)
- L’esprit du judo, Jean-Lucien Jazarin, éd. Budostore, no 401, ISBN 2-908580-52-7 (1997)
- Le judo, école de vie, Jean-Lucien Jazarin, éd. Budostore, no 402, ISBN 2-908580-53-5 (1995)
- L’origine du judo (entretiens avec Rudolf di Stefano et Laurent Bruel), Igor Correa Luna, éd. Association des actions physiques et mentales, France
- Judo Kodokan, Jigoro Kano, Budo Éditions
- La nomenclature du judo debout, Frédéric Bourgoin, AB Éditions
- Judo kata, Tadao Inogai et Roland Habersetzer, éd. Amphora, ISBN 2-85180-327-1 (1998)
- Judo, Budo et Tradition : La voie et ses degrés, Bernard Wirz, éd. Hagakuré (2005)
- Nitobe, I. (2000). Bushidô, l’Âme du Japon. Noisy-sur-École: Budo Éditions.
- FFJDA (2008). Shin, Éthique et traditions dans l’enseignement du Judo. Noisy-sur-École: Budo Éditions.
- Judo Gravité Zéro. Michel Novovitch. (publiday Editions)2003.
À voir
- La Légende du grand judo (Sugata Sanchiro), film japonais de Kurosawa retraçant l’origine du judo
Liens externes
- (en) Fédération internationale de judo
- (fr) Union européenne de judo
- (en) Site du Kodokan
- (fr) Fédération française de judo
- (fr) Les règles d’arbitrage française
- (fr) Judo pour tous
- (fr) Judoclic
- (de) (fr) Fédération suisse de judo et ju-jitsu
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Source : Article Judo de Wikipédia en français (auteurs)